Dokument-Nr. 12862
Berenz CBMV, Maria Gregoria an Pius XI.
Offenburg, 04. August 1923

Très Saint-Père,
Dans les tristes temps que nous traversons le Vatican est comme le tabernacle des nos églises. On y court pour y porter ses chagrins et pour trouver du secours. Quand tout fait défaut, il y a encore le Saint Père, le représentant de Celui qui a passé ici-bas en faisant le bien et l'on fait que son Vicaire a un cœur pour ses enfants en détresse et la bonté et la compassion de son Divin Maître.
Nous aussi, Très Saint-Père, les religieuses de Notre-Dame à Offenburg, diocèse de Freiburg, Baden, ne voyant ni de près ni de loin les moyens nécessaires de subsister à l'avenir, recourons à la tendresse du cœur paternel de Votre Sainteté en nous permettant de Lui exposer notre position présente.
Depuis 100 ans notre couvent existe à Offenburg; nos écoles, pensionnat et externat, étaient florissant et comptaient de 300 à 400 élèves p. a. À partir de la guerre nous avons commencé à souffrir. Mais depuis l'occupation de la ville et de la contrée par les Français nous dépérissons tellement que nous ne pourrons nous soutenir nous-mêmes ni continuer notre œuvre sans un secours très efficace.
Par suite des mesures françaises si rigoureuses contre les employés de la ville qui furent expulsés avec leurs familles, le nombre de nos élèves a considérablement baissé, au pensionnat il est tombé de 106 à 67, et en face des difficultés de communication et de toute sorte d'ennuis, nous ignorons en ce moment combien de parents voudront nous renvoyer leurs enfants après les vacances d'automne. Cette diminution de places nous est un très grand
108v
préjudice, puisque nous n'avons d'autres ressources que les revenus du pensionnat et de l'externat, nos 10.000 M. de rente ne signifiant plus rien du tout. Ce qui pèse autant, c'est la dépréciation effrayante de notre argent et l'impossibilité de hausser le prix de pension et la rétribution scolaire dans la même mesure.
Notre établissement se compose de grands bâtiments qu'il faut entretenir, éclairer et chauffer, que nous ayons beaucoup d'enfants ou peu. Le combustible seul monterait aujourd'hui à 400 millions à peu près, que nous n'avons pas. Ce que nous manque également, ce seraient des sommes énormes pour des grandes réparations qui ont été différés d'année en année, mais qui sont urgentes à présent pour prévenir de plus grands dégâts.
Qu'ils nous soit permis, Très Saint-Père, de mentionner encore l'état de la communauté. Elle se compose de 85 personnes dont beaucoup sont malades ou souffrantes par suite d'un travail ardu et des privations des tristes années passés. Dix d'entre elles sont même obligées par ordonnance du médecin et pour pouvoir reprendre le travail de l'instruction, de faire des changements d'air et de subir des traitements en dehors du couvent, ce qui occasionne encore de très grandes dépenses. – Nous n'avons pas manqué jusqu'ici de faire toutes les démarches possibles pour nous procurer des ressources. Nous nous sommes adressées à la municipalité et au gouvernement; mais les charges générales sont si lourdes, qu'il n'y a qu'un faible secours à attendre de ce côté. Monseigneur notre Archevêque est très paternel pour nous; cependant son aide et d'autres encore ne sont qu'un soulagement momentané en vue de nos besoins énormes.
Voilà ce qui nous force à aller plus loin, à aller jusqu'à Rome même, jusqu'à Votre Sainteté, Très Saint-Père. Nous le faisons dans une vraie confusion, nous sentant si petites en face du monde entier que vous gouvernez, mais aussi avec toute la confiance
109r
que nous aurions en Notre Seigneur Lui-même, s'Il était en personne à votre place.
Très Saint-Père veuillez aider de pauvres religieuses allemandes dont le plus grand chagrin serait d'abandonner l'œuvre que leur a confié St. Pierre Fourier, leur fondateur, d'élever et d'instruire la jeunesse dans la foi et l'esprit de l'Église catholique.
Humblement prosternées aux pieds de Votre Sainteté, nous osons y déposer le tribut de notre parfaite soumission filiale et de notre très respectueuse et profonde reconnaissance avec la prière instante de vouloir bénir notre maison et celle qui se dit
De Votre Sainteté
La très humble servante
Maria Gregoria Berenz, supérieure
Empfohlene Zitierweise
Berenz CBMV, Maria Gregoria an PiusXI. vom 04. August 1923, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 12862, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/12862. Letzter Zugriff am: 05.05.2024.
Online seit 23.07.2014.