Dokument-Nr. 21058
Georg Alexander zu Mecklenburg an Pacelli, Eugenio
Berlin, 07. August 1929

Copie de lettre du Duc de Mecklenburg-Carlow à S. E. Mgr. Pacelli Nonce Apostolique à Berlin, du 7 Août 1929 No. 381.
Monseigneur,
Ce matin, en parcourant la "Germania" du matin du 6 Août No. 360, je suis tombé sur un article révoltant, intitulé "Sowietismus und Katholizismus". Il s'agit dans cet article d'un Dr. Bede (l'article l'appelle "Monseigneur", mais je ne l'ai pas trouvé dans l'Annuario Pontificio de cette année), qui dit qu'il est un ancien collaborateur de l'"Osservatore Romano". Ce Dr. Bede dit qu'il était très-lié personnellement avec Lénine. Ses conversations avec ce dernier l'ont mené à propager l'idée qu'une alliance entre le bolchevisme et le Catholicisme pourrait avoir une grande influence sur l'avenir du monde entier, afin de combattre le système égoïste du capitalisme. Le Dr. Bede est convaincu que le communisme est l'idéal d'un petit groupe d'élus, qui veulent "ennoblir" et "perfectionner" le monde. Il voudrait persuader le S. Siège de conclure une paix et un pacte avec les soviets et veut aller en Russie pour y sonder le terrain. Il parle aussi de "communisme véritable", pratiqué dans les couvents; il pense que pour cette raison le gouvernement bolcheviste permettra les couvents sur son territoire.
Il est encore plus regrettable que la "Germania" en sa qualité de gazette catholique trouve ces plans du Dr. Bede meme "très-engageants". Elle donne à comprendre qu'une tache aussi délicate doit être confiée au Dr. Bede, dont "l'adresse remarquable" en affaires politiques est tout à fait admirable.
Dans mes lettres précédents j'avais déjà l'occasion de démontrer que la reconnaissance "de iure" du gouvernement bolcheviste par le S. Siège serait un pas irréparable. L'action unionistique [sic] serait alors condamné à périr pour des centaines d'années. Il n'est plus un secret que la popula-
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tion en Russie est antibolchéviste, que le régime soviétique n'existe que par le terreur, - de sorte qu'une action religieuse soutenue par les soviets ou bien meme tolérée par eux est inadmissible. Elle forcerait ceux, qui étaient pro-catholiques à devenir anticatholiques acharnés. Une action pareille serait interprétée comme une alliance contre l'orthodoxie, organisée avec l'aide du Catholicisme. De cette manière même la reconnaissance des soviets "de iure" par le S. Siège ne serait jamais pardonnée par les orthodoxes pratiquants. Tout ce que Sa Sainteté fait et continue de faire pour les pauvres Russes, qui souffrent dans l'exil ou en Russie, est profondément apprécié par tous les vrais Russes chrétiens, qui ne sont pas pro-bolchévistes. Une action, comme le Dr. Bede le propose, est excessivement dangereuse, surtout s'il commence à la propager de son propre gré.
Ce qui fait l'affaire du Dr. Bede encore plus pénible, c'est qu'il est un prêtre. Même s'il fait ses voyages et ses expérimentes de son propre accord, on dira toujours qu'il est un représentant inofficiel ou officieux du S. Siège. Excepté cela ses idées, que tout le monde peut lire dans les journaux, même les protestants et les orthodoxes, me semblent du moins assez compromettantes pour un prêtre catholique, sinon suspectes et scandaleuses.
Quant'à la "Germania" - ses observations ne m'étonnent guère. Elle a encore une fois été l'interprète fidèle, en mutilant nos Dogmes, de réconcilier tout ce qui est moderne avec les principes du Catholicisme. L'article compare le communisme du couvent avec le bolchevisme, mais la "Germania" ne proteste pas.
J'ai cru qu'il était mon devoir d'exposer mon point de vue à Votre Excellence. Puis-je prier Votre Excellence de bien vouloir lire le contenu des lettres ci-jointes et d'avoir l'extrême bonté de les faire parvenir à leurs destinataires. L'article a été pour moi un profond chagrin et m'a fait éprouver une vive inquiétude. J'étais surtout triste que cet article a l'audace d'exprimer des idées contraires aux intentions de Sa Sainteté, qui a refusé énergiquement de reconnaître les soviets.
Pacelli schickte das gleiche Schreiben auch an Luigi Sincero (Dokument Nr. 20950).
Empfohlene Zitierweise
Georg Alexander zu Mecklenburg an Pacelli, Eugenio vom 07. August 1929, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 21058, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/21058. Letzter Zugriff am: 06.05.2024.
Online seit 20.01.2020.