Dokument-Nr. 6455

Oettingen-Spielberg, Sophie Marie Antoinette Leontine Melanie Fürstin zu (geb. Prinzessin von Metternich-Winneburg): [Kein Betreff]. Rauden, vor dem 03. Juni 1921

Le 2 Mai on nous télégraphée [sic] qu'un streik général avait éclaté dans les mines de charbons. Vers le soir les trains ne vont plus et toutes les communications avec le dehors cessent complètement. Le 3 Mai les polonais occupent toutes les routes et ne laissent plus passer personne. On entend beaucoup tirer dans la direction de Gleiwitz, ville à une heure de distance de Rauden.
Le 4 Mai on s'attend à tout instant a une invasion des insurgés. À 2 heures on vient nous dire qu'une bande de près 3.000 hommes marche sur Rauden. On se décide à ne pas se défendre et il est vrai que les habitants n'ont pas tiré un seul coup de fusil.
Vers les 5 hrs les patrouilles polonaises tirent dans la direction du château du Duc de Ratibor, on entend siffler les balles. Par précaution on ferme les persiennes donnant sur le jardin et la famille se retire dans les chambres
7v
dont les fenêtres donnent sur une petite cours intérieure. À 8 ½ du soir des mitrailleuses sont portées à l'entrée du village, on ne peut plus passer la route. Pendant le dîner des châtelains, le valet de chambre annonce qu'il y a une horde de gens armés dans la cour d'entrée, une trentaine de ces gens entrent dans la salle à manger demandant les armes qu'on avait caché dans la maison. Le Duc et la Duchesse de Ratibor parlent avec eux, les assurant qu'il n'y avait pas d'armes au château, excepté les quelques fusils de chasse. Ils vont avec le valet-de-chambre fureter dans toute la maison, prennent les fusils et reviennent dans la salle à manger de la maison. Peu à peu ils se calment et disent même bonsoir en se retirant. Ils jettent les fusils dans la cage de l'escalier. Durant la nuit les insurgés entourent le château de postes armées. Le 5 mai, jour de l'ascension, tout paraît calme, la bande d'hier a quitté le village. À 6 ½ les gens vont à l'Église
8r
comme d'ordinaire. –
Vers les 8 heures, le garde forestier qui demeure hors du village voit tout à coup une troupe d'hommes armés sortant d'un bois sur les hauteurs du café Rybnik. Ils donnent un signal et plus de 3.000 hommes se précipitent, hurlant, criant, le fusil en charge dans les rues du village, la population fuit devant eux et tout poursuivis [sic] dans leurs maisons!
La belle-fille du Duc de Ratibor demeurait avec ses six enfants et sa mère dans une maison devant sur la route entourée d'un jardin, à 5 minutes du château. On n'a que le temps d'endosser une robe de chambre, les insurgés sont déjà dans le jardin, contournant la maison à pas de loup, les canons des fusils dirigés sur les fenêtres. Dés qu'ils se sentent en sûreté et qu'ils voit qu'on ne tire pas sur eux, ils se précipitent comme de sauvages dans la maison, le fusil, le revolver braqués sur nos poitrines, toujours sur le même prétexte de chercher des armes. Ils ouvrent tous les tiroirs, se jettent sur les vêtement du Prince héréditaire qui lui était absent, volent, pillent,
8v
vêtements, bijoux, argenterie, argent, prennent même aux gens de la maison tout ce qui leur semble avoir le moindre valeur. La mine de ses gens est horrible, ce sont pour la plupart de bandits sorties des prisons, avec le numéro d'ordre sur leur col. Le pillage dure de 8 ½ à 11 heures du matin. On hisse 2 drapeaux polonais sur la maison. Le commandant parvient enfin à faire sortir le reste de ces enragés.
Au château même scène, on agonise le Duc de sottises, réclamant son fils qu'on veut faire prisonnier. Après des discussions interminables le commandant prend le château pour son quartier général et empêche par cela un grand pillage.
Dans les écuries ils prennent les chevaux, volent harnais, selles, tout ce qu'ils trouvent, la maison du maître de l'écurie est complètement dévalisée. Dans le village on vole, on pille les maisons de plus pauvres gens, leur enlevant tout, il y en a même qu'on maltraite d'une façon indescriptible. Ils entrent dans l'Église, cherchent là aussi des mitrailleuses qu'ils y croient cachées!
9r
Le 6 mai les insurgés partent par compagnie, il reste 200 hommes à Raudent. Du 7 au 15 on entend beaucoup tirer dans les environs, nous ne savons rien du dehors, nous sommes dans une vraie souricière, la situation est plus rassurante.
Par l'intervention des italiens on parvient à faire partir la famille ducale le 15 mai. Les officiers de Varsovie, l'uniforme caché sous de couchons bruns viennent au château. Beaucoup de munitions arrive dans des fourgons F rançais, tous les pants sont sous minés. – Le 18 mai le grand fourgon avec les bagages qui partent de Rauden à 11 heures est retenu à Markowitz (petite ville prés de Ratibor) par les insurgés, ils jettent toutes les malles pêle-mêle dans la cour d'une auberge, ils cassent les serrures et volent tout le contenu. Un maître d'école, un garçon jardinier du Rauden qui avait eu la permission du commandant polonais de se rendre avec le fourgon à Ratibor, ont été faits prisonniers, maltraités durant 24 heures. Un officier italien est parvenu avec peine à le délivrer des mains des insurgés. –
9v
Il me semble nécessaire qu'on sache tous ces détails qui sont la pure vérité, sans exagérations, les faits parlent pour eux-mêmes et donnent une faible idée de manœuvres polonaises dans ce malheureux pays.
Empfohlene Zitierweise
Oettingen-Spielberg, Sophie Marie Antoinette Leontine Melanie Fürstin zu (geb. Prinzessin von Metternich-Winneburg), [Kein Betreff], Rauden vom vor dem 03. Juni 1921, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 6455, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/6455. Letzter Zugriff am: 29.04.2024.
Online seit 14.05.2013, letzte Änderung am 10.09.2018.